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NOTICE

mauvaise, car il y a de bons et de mauvais décrets. Et comme la loi ne peut être mauvaise, on ne doit pas répondre simplement qu’elle consiste dans un décret de l’État.

Cependant, par ailleurs, elle nous semble être une δόξα. Mais évidemment, une bonne δόξα, non une mauvaise, ou, ce qui revient au même, une opinion vraie (δόξα ἀληθής). Par ἀληθὴς δόξα, nous entendons la découverte de ce qui est.

Donc la loi sera également : la découverte de ce qui est, c’est-à-dire du vrai.


Solution
d’une difficulté,
315 b-317 d.

Cette définition qui lui est soufflée par Socrate, trouble le disciple. Car si la loi est ce qu’on vient de dire, comment expliquer qu’il y ait des lois si diverses et si opposées entre elles ? On peut, en effet, donner des foules d’exemples de législations qui se contredisent. — La raison de ces désaccords, c’est que les lois n’ont généralement pas pour auteurs des hommes compétents. Or, pour acquérir valeur de lois, elles doivent être l’œuvre d’un législateur qui sache son métier et ne se trompe pas dans la recherche de la vérité. Sinon, elles ne sont pas des lois, quoi qu’en pensent les ignorants.


Un exemple,
318 c-321 b.

Le roi de Crète, Minos, et sa très sage législation nous sont un excellent exemple pour illustrer tous nos développements. Minos, le confident et le disciple de Zeus, suivant Homère ; Rhadamanthe, son frère, juge intègre, ont fait tous deux le bonheur de la Crète. La légende a fait du premier un homme dur et cruel. Mais il ne faut pas y ajouter foi. Minos est le type de ces pasteurs de peuples dont parle Homère. Il a doté son pays d’une législation parfaite. La meilleure preuve en est que Lacédémone a beaucoup emprunté au gouvernement de la Crète et que, jusqu’à nos jours, ces lois ont subsisté sans changement.

À qui nous interrogerait sur les prescriptions de celui qui légifère au sujet de la santé du corps, nous serions en mesure de répondre. Mais si l’on nous demande à présent quelles sont les prescriptions du bon législateur pour rendre l’âme meilleure, que dirons-nous ? — Le disciple est obligé d’avouer son ignorance. Et Socrate de conclure : n’est-il pas