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HIPPARQUE OU L’HOMME CUPIDE

encore au gain cet élément, la valeur. À présent, tu nies que l’argent, même en plus grande quantité, ait la valeur de l’or ; tu affirmes, au contraire, que l’or a valeur même en quantité moindre.

eLe disciple. — Absolument, car il en est ainsi.

Socrate. — C’est, par conséquent, la valeur qui constitue le gain, que la chose soit grande ou petite, — et ce qui est sans valeur, n’est pas lucratif.

Le disciple. — Oui.

Socrate. — Ce qui a de la valeur, selon toi, n’est-ce pas ce qui vaut d’être acquis ?

Le disciple. — Oui, ce qui vaut d’être acquis.

Socrate. — Or, ce qui vaut d’être acquis, prétends-tu que ce soit l’utile ou l’inutile ?

Le disciple. — L’utile, évidemment.

232Socrate. — Mais l’utile, c’est le bien ?

Le disciple. — Oui.

Socrate. — Ô le plus brave des hommes, n’est-ce donc pas la troisième ou quatrième fois que nous en revenons à cet aveu que le gain est un bien ?

Le disciple. — Apparemment.

Socrate. — Te souviens-tu d’où est partie cette discussion ?

Le disciple. — Je le crois, du moins.

Socrate. — Sinon, je te le rappellerai. Tu as soutenu contre moi que les gens honnêtes n’acceptaient pas de réaliser toutes sortes de gains, mais seulement les bons gains, pas les mauvais.

Le disciple. — Oui certes.

bSocrate. — Or actuellement, la discussion ne nous a-t-elle pas contraints d’avouer que tous les gains, grands ou petits, sont bons ?

Le disciple. — Elle m’y a contraint, Socrate, moi du moins, plus qu’elle ne m’a persuadé.

Socrate. — Peut-être ensuite, te persuadera-t-elle. En

    essayé de distinguer le bon gain et le mauvais gain. Enfin Socrate a contraint son interlocuteur d’avouer que l’essence du gain fait abstraction des qualificatifs bons ou mauvais, — et la quatrième définition, en faisant intervenir la notion de valeur, revient toujours au point de départ : le gain est un bien.