Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome XIII, 1.djvu/83

Cette page a été validée par deux contributeurs.
lxxv
LETTRE II

la lettre. Du reste, le vocabulaire est assez pauvre ; les formules de transition se répètent avec monotonie ; bref, on a peine à reconnaître l’auteur charmant des dialogues qui correspondent à cette période.

Voilà bien de quoi provoquer la méfiance sur l’origine de la lettre[1]. On ne peut naturellement songer à désigner l’écrivain, sans doute obscur, qui a voulu revêtir la personnalité de Platon. Mais les allusions voilées, les cachotteries, l’amour du mystère, porteraient à voir dans l’auteur quelque partisan d’une secte secrète plus ou moins affiliée au pythagorisme. C’est à une date relativement tardive qu’il dut composer son pastiche, alors que les rapports du philosophe et du tyran commençaient à servir de motif à la légende.

Lettre II.

Le thème.

Quelques nuages sont venus troubler les bonnes relations de Denys et de Platon. Dion et ses amis se sont plaints sans doute des procédés du tyran à leur égard, et ce dernier semble rendre le philosophe responsable de critiques qu’il aurait pu empêcher. Platon se disculpe en exposant d’une façon très libre et parfois même très familière, sa manière de comprendre la liaison du sage et du chef d’État.

La première partie de la lettre développe le thème πῶς χρὴ ἔχειν ἐμὲ καὶ σὲ πρὸς ἀλλήλους, idée centrale préparée par une amplification de rhéteur sur l’affinité naturelle de la sagesse et de la puissance : toutes deux se recherchent et s’attirent, toutes deux aiment à s’associer, glorieuse union dont parlent volontiers les hommes, que célèbre l’histoire et que chante la poésie. Veillons donc à notre réputation future. Se préoccuper de la renommée convient aux âmes nobles ; l’inquiétude qui

  1. Christ, Platonische Studien, Münich, 1885, p. 26, veut voir une allusion d’Aristote à la 13e lettre dans la Métaphysique Δ, 5, 1015 a 25. Mais l’exemple apporté pour expliquer la notion de nécessaire : le voyage à Égine afin de rapporter des richesses, se réfère-t-il vraiment au passage de la lettre où l’auteur mentionne l’envoi d’Érastos à Égine pour réaliser un emprunt (362 b) ? Rien n’est plus douteux.