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LETTRE VI

ceux de tes voisins. En conséquence, je te conseille de t’attacher à ces hommes autant qu’il est permis. Ne crois pas que cela soit sans importance. Et de même, à Coriscos et à Érastos, je conseille à leur tour de s’attacher à Hermias et d’essayer de former par des liens mutuels b une intime union d’amitié. Et si jamais l’un de vous songeait à la rompre (car ce qui est humain n’est pas d’une absolue fermeté), envoyez-nous ici, à moi et à mes amis, une lettre exposant le grief. J’espère que les paroles de justice et d’honneur que vous portera d’ici notre réponse, sauront, si la rupture n’est pas trop profonde, mieux que toute incantation, vous rapprocher et rétablir votre ancienne amitié et votre communauté de sentiments. Si nous nous appliquons tous à cette vie de sagesse, c vous et moi, autant que nous le pouvons et que nos forces à chacun le permettent, mes prédictions se réaliseront. Au cas contraire…, mais je me tais, car je ne veux prophétiser que du bonheur et j’affirme que nous conduirons tout cela à bonne fin, s’il plaît à Dieu.

Cette lettre, il faut la lire tous les trois ensemble autant que possible, sinon deux à la fois et le plus souvent que vous pourrez. Regardez-la comme une formule de serment et une convention ayant force de loi, sur laquelle il est légitime de d jurer avec un sérieux mêlé de grâce et le badinage frère du sérieux[1]. Prenez à témoin le dieu chef de toutes choses présentes et futures, et le père tout-puissant du chef et de la cause, que nous connaîtrons tous, si nous philosophons vraiment, avec toute la clarté possible à des hommes jouissant de la béatitude.


    mais on la trouve aussi dans les dialogues authentiques, comme la République ou Philèbe.

  1. Cf. des expressions analogues dans Lois VI, 761 d ; Épinomis, 980 a, 992 b.