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LETTRE II

défectuosités de leurs relations, ils feraient tous leurs efforts pour que leur renommée soit meilleure qu’elle ne l’est présentement. Or, il nous est encore possible à nous, avec le secours de Dieu, de remédier par nos actions et nos paroles à ce qui aurait été imparfait dans nos rapports antérieurs. Pour la philosophie, je l’affirme, l’opinion vraie equ’on en aura sera meilleure[1], si nous-mêmes, nous sommes probes ; notre malice obtiendrait un résultat tout contraire. Or, nous ne pourrions rien faire de plus saint que de veiller sur elle, ni de plus impie que de la négliger.


Attitude réciproque de Denys et de Platon.

Je vais donc t’exposer comment cela se doit faire et ce que demande la justice. Je suis venu en Sicile avec la réputation de surpasser de beaucoup les autres philosophes et j’arrivais à Syracuse pour en recevoir de toi le témoignage, 312afin que, en ma personne, la philosophie reçût les hommages de la foule elle-même. Mais je n’ai pas réussi. La cause ? Je ne veux pas répéter celle que beaucoup invoqueraient, mais tu paraissais n’avoir plus grande confiance en moi, tu faisais mine de vouloir me renvoyer et en appeler d’autres : tu avais l’air de rechercher quels pouvaient être mes desseins, par défiance de moi, me semble-t-il. Sur quoi, il ne manquait pas de gens pour crier que tu me dédaignais et que tes préoccupations allaient ailleurs : bcela, on l’a colporté partout. Écoute donc ce qu’il est juste de faire à présent, ce sera ma réponse à ta question : quelle doit être notre attitude l’un vis-à-vis de l’autre. Si tu dédaignes absolument la philosophie, laisse-la de côté ; si tu as appris d’un autre ou trouvé par toi-même des doctrines supérieures aux miennes, réserve-leur ton estime. Mais si ce sont les miennes qui t’agréent,

    auprès de Cyrus. D’autre part, la tradition a fixé le souvenir des relations entre Solon et Crésus, Crésus représenté comme le mentor du riche souverain. Ces trois noms se sont naturellement unis dans l’esprit de l’épistolier. Mais comme la pensée est dominée par la mémoire d’un Crésus détrôné, revenu de ses illusions de δυνάστης, comme le dépeint Hérodote, le rôle qui lui est attribué ici est celui de sage, au même titre que Solon.

  1. La signification du passage est claire : si nous sommes probes, on aura de la philosophie une meilleure opinion. Mais le mot δόξα suggérant l’idée de l’ἀληθὴς δόξα des Dialogues, l’auteur n’a pu s’em-