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LIVRE VI



484Le philosophe
doit gouverner
parce que seul
il connaît
la vérité idéale.

I  Je repris : Quels sont ceux qui sont philosophes, Glaucon, quels sont ceux qui ne le sont pas, une discussion assez longue et laborieuse vient de nous le montrer.

Peut-être, dit-il, une plus brève n’y aurait pas suffi.

Il semble, dis-je ; en tout cas, je crois encore que notre démonstration eût été meilleure, si nous n’avions eu que ce point à examiner, et s’il ne nous restait pas force questions à traiter pour voir en quoi la condition de l’homme juste diffère de celle bde l’homme injuste.

Que nous reste-t-il donc à traiter après ceci ? demanda-t-il.

Rien d’autre, répondis-je, que d’en tirer la conséquence. Si les philosophes sont ceux qui sont capables d’atteindre à ce qui existe toujours d’une manière immuable, et s’il faut refuser ce titre à ceux qui en sont incapables et qui s’égarent dans ce qui est multiple et changeant, lesquels des deux faut-il mettre à la tête de l’État ?

Que pourrais-je bien dire, fit-il, pour te donner une bonne réponse ?

Que ceux des deux que nous reconnaîtrons capables de garder les lois et les institutions, répondis-je, il faut les établir cgardiens de l’État.

Bien, dit-il.

Peut-il y avoir doute, repris-je, sur le choix d’un aveugle ou d’un homme à vue perçante, quand il s’agit de faire garder quelque chose que ce soit ?

Quel doute pourrait-il y avoir ? fit-il.

Eh bien, vois-tu quelque différence entre les aveugles et ceux qui sont réellement privés de la connaissance de toute