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LA RÉPUBLIQUE IV

dans sa condition, il n’y aurait plus d’État. Au reste ce désordre aurait des conséquences moins graves chez les artisans que chez les guerriers ; car que des cordonniers deviennent mauvais, qu’ils se gâtent et se donnent pour cordonniers, alors qu’ils ne le sont pas, il n’y a là rien de grave pour l’État ; mais que les gardiens des lois et de l’État ne le soient que de nom, tu vois bien qu’ils entraînent l’État tout entier à une ruine irrémédiable, et que d’autre part c’est d’eux seuls que dépendent et sa bonne organisation et son bonheur. » bNous formons, nous, des gardiens véritables, absolument incapables de faire du mal à l’État ; si au contraire notre contradicteur fait d’eux des sortes de laboureurs et d’heureux convives en fête, au lieu de citoyens en fonction, c’est qu’il a en vue autre chose qu’un État. Ainsi voyons si, en instituant les gardiens, nous voulons leur donner la plus grande part possible de bonheur, ou s’il faut, ayant égard à la cité tout entière, viser au bonheur général et engager soit par la force, soit par la persuasion, cnos auxiliaires et nos gardiens, ainsi que tous les autres citoyens, à remplir le mieux possible les fonctions qui leur sont propres, et quand l’État tout entier fleurira sous une sage administration, laisser chaque classe prendre la part de bonheur que la nature lui assigne.


II  Voilà, dit-il, ce que j’appelle bien parler.

Il faut empêcher
le développement
de la richesse
et de la pauvreté.

Et maintenant, repris-je, voici une autre remarque apparentée à la précédente. Voyons si tu la trouveras juste.

De quoi s’agit-il ?

D’examiner si les deux choses que voici ne gâtent pas les artisans dau point de les rendre mauvais.

Quelles sont-elles ?

La richesse, répondis-je, et la pauvreté[1].

Comment ?

  1. L’artisan ne doit être ni trop riche ni trop pauvre, si l’on veut qu’il fasse bien son métier. C’est dans ce même but que Platon a réglé la situation des guerriers : il leur a interdit la possession de l’or et de l’argent et il a pourvu à leurs besoins en leur allouant une pension alimentaire juste satisfaisante (III, 416 et 417).