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INTRODUCTION

universelle, mais plein de jugements et de tableaux qu’inspire l’histoire du ive siècle et d’une période avancée de ce siècle. La remarque faite par Wilamowitz (II, 180) et par Manicus dès 1854 (dans Raeder, 244 n. 2), que Platon ne pouvait guère différer jusqu’à cinquante ans l’âge où ses philosophes prendraient à tour de rôle le gouvernement s’il n’avait atteint lui-même cet âge, conserve sa probabilité en dépit des critiques. La date que Zeller proposait en 1889 (p. 554) pour l’achèvement et la publication de la République, — vers 875, — coïncide avec celle que proposait Wilamovitz en 1919 : vers 374, au plus tard 373. Shorey place la composition entre 380 et 370. La date moyenne, 375, est donc très recevable, pour fixer au moins provisoirement un terminus ante quem. Toutes ces dates sont conjecturales et sont données comme telles. Il faudra certes encore beaucoup de recherches et beaucoup de conjectures, méthodiques, patientes, avant que nous puissions, sans vantardise trop risquée, dire comment et à quelles dates Platon a composé les parties successives de sa République. Nous n’avons heureusement pas besoin d’attendre de pareilles précisions pour l’étudier, pour nous en enchanter et nous en nourrir[1].

A. Diès.

IV

ÉTABLISSEMENT DU TEXTE

Le texte de cette édition a été établi d’après deux manuscrits, le Parisinus 1807 (A) et le Vindobonensis 55 (F), auxquels il faut ajouter le Marcianus 4, 1 (T) pour les deux premiers livres et le commencement du troisième, les papyrus d’Oxyrhynchus, et les nombreuses citations de la République que l’on trouve dans les auteurs anciens.


Le Parisinus A.

Le Parisinus 1807 est de la fin du ixe siècle ; il est un peu plus ancien que le Bodleianus (B), lequel fut copié en 895. Ces deux manuscrits sont les représentants les plus autorisés du texte de Platon ; mais

  1. MM. P. Mazon, É. Chambry et É. des Places ont bien voulu lire cette Introduction. Leurs observations m’ont été très précieuses : qu’il me soit permis de leur exprimer ici mes vifs remercîments.