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NOTICE

vérité en laissant entendre qu’Athènes refusa, seule, de souscrire à des conditions déshonorantes.

La valeur et les succès d’Athènes sont grossis à dessein[1]. Admettons que la sanglante bataille de Tanagra, livrée en juillet 457, ait été indécise (242 a)[2]. Mais le Ménexène parle (240 ab) de cinq cent mille hommes envoyés sous les ordres de Datis contre Athènes et Érétrie ; Nepos n’en indique que deux cent dix mille[3]. Pour faire sentir la force irrésistible de l’adversaire, le Ménexène montre Érétrie soumise en trois jours : l’attaque en avait duré six, d’après Hérodote, et, par trahison, réussi le septième[4]. Au dire de Thucydide[5] la victoire d’Œnophytes (septembre 457) fut gagnée par les Athéniens soixante-deux jours après le combat de Tanagra ; le Ménexène dit (242 b) τρίτῃ ἡμέρᾳ[6]. Le succès remporté aux Arginuses, en juillet 406, est justement célébré par l’auteur (243 c). Mais les Athéniens avaient l’avantage du nombre : ils opposaient plus de cent cinquante vaisseaux aux cent vingt navires de Callicratidas[7]. Le Ménexène n’a garde de le dire ; bien plus il réduit à soixante bâtiments le renfort de cent dix vaisseaux envoyé par Athènes[8].

    de la lutte, les Athéniens répondirent avec empressement à l’appel de Tiribaze. Avec leurs alliés et leurs anciens ennemis, ils acceptèrent la paix dictée par le Grand Roi, et qui lui livrait les Grecs d’Asie ; comme les autres ils s’engagèrent à l’observer. — Suivant Diodore de Sicile (XIV, 110), ils se résignèrent à la paix, bien qu’indignés de l’abandon des Grecs d’Asie, parce qu’ils étaient incapables de soutenir la guerre. Mais cette indication sommaire ne tient pas compte des phases successives de la négociation.

  1. Wendland, o. l., p. 183 ; cf. Shawyer, The Menexenus of Plato, 1906, p. xi sq.
  2. D’après Thucydide (I, 108) ce fut une victoire pour les Lacédémoniens et leurs alliés ; selon Diodore de Sicile (XI, 80) le résultat fut incertain et les deux partis s’attribuèrent la victoire.
  3. Milt., 4. Par contre le Ménexène ne mentionne que 300 navires au lieu de 600 (Hérodote, VI, 94) ou 500 (Nepos).
  4. VI, 94.
  5. I, 108.
  6. On a proposé d’entendre : après deux jours de lutte, interprétation assurément possible, mais que rend peu vraisemblable la tendance générale de l’éloge.
  7. Xénophon, Hell., I, 6, 16, etc.
  8. id., I, 6, 24.