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EUTHYDÈME

ils nous amusent c par des jongleries. À nous de faire comme Ménélas : ne lâchons pas ces deux hommes qu’ils ne se soient révélés à nous sous leur aspect sérieux ! je crois qu’ils nous feront voir quelque merveille de leur cru, quand ils se mettront à parler sérieusement. Demandons-leur donc, par nos exhortations et nos prières[1], de se révéler à nous. Pour moi, je crois bon encore[2] de les guider moi-même, en leur indiquant sous quelle forme je les prie de m’apparaître. Reprenant au point où je m’étais arrêté plus haut[3], d j’essaierai de mon mieux de leur exposer toute la suite, pour les appeler à nous, afin qu’ils me prennent en pitié et que, compatissant à ma contention et à mon sérieux, ils soient sérieux à leur tour. »


Reprise de l’entretien de Socrate avec Clinias.
Revue de différents arts.

« À toi, Clinias, dis-je, de me rappeler ou nous en étions restés alors. Si je ne me trompe, c’était à peu près à cet endroit : il faut rechercher le savoir, avions-nous reconnu pour finir ; n’est-ce pas ? — Oui, dit-il. — Or la recherche du savoir est l’acquisition d’une science ; n’est-il pas vrai ? dis-je. — Oui, dit-il. — Que peut donc bien être la science que nous aurions raison d’acquérir ? N’est-ce pas, e d’une façon absolue, celle qui nous sera utile ? — Parfaitement, dit-il. — Nous serait-il donc de quelque utilité de savoir reconnaître, en allant et venant, l’endroit de la terre où se trouve enfouie la plus grande quantité d’or ? — Peut-être, dit-il. — Mais précédemment, repris-je, nous avons pleinement prouvé[4] que nous n’aurions aucun avantage à posséder, même sans tracas et sans fouiller la terre, tout l’or du monde. Saurions-nous même 289 changer les rochers en or, que cette science n’aurait donc aucune valeur ; car si nous ne savons tirer parti de l’or, par lui-même — on l’a vu — il ne sera d’aucune utilité. Ne t’en souviens-tu pas ? » dis-je. — « Je m’en souviens, dit-il, parfaitement. » — « De même aussi, semble-t-il, les autres sciences. On ne tire aucun profit ni de celle du financier, ni de la médecine, ni d’aucune autre qui sait seule-

  1. Cf. 273 e.
  2. Cf. 278 c : fin de l’entretien de Socrate avec Clinias.
  3. Exact ; cf. 282 d.
  4. Allusion à 280 d.