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EUTHYDÈME

sophistes en perdent presque le souffle (303 b). À ce chœur bruyant s’opposent les amis de Clinias, Socrate à leur tête ; ils se bornent à manifester par leur silence l’espèce de saisissement que leur causent les étranges raisonnements de l’adversaire (276 d).


La composition.

Si l’on considère le morceau central de l’œuvre, c’est-à-dire le récit de Socrate, en laissant de côté le dialogue avec Criton qui le prépare d’abord et le commente ensuite, cette comédie se déroule en cinq actes ou épisodes[1], après une narration qui sert de préambule (272 c-275 c). Le premier est l’entretien des sophistes et de Clinias (270 c-277 c). Il est suivi d’une intervention de Socrate, qui en fait le résumé et la critique, et prépare le second acte. Ce deuxième épisode est fait d’un dialogue entre Socrate et Clinias (278 e-282 e). Socrate a montré aux étrangers le genre d’exposition qu’il demandait. Il leur cède maintenant la place, et c’est le troisième acte : discussion d’Euthydème et Dionysodore avec Socrate et Ctésippe (283 a-288 d). Il s’achève par l’explication que Socrate donne à Ctésippe de la méthode des deux sophistes, et par l’annonce d’un nouvel entretien entre Socrate et Clinias. Cet entretien, suite du premier, forme le quatrième acte, et s’achève sur un appel de Socrate aux sophistes (288 d-293 a). Euthydème et Dionysodore rentrent en scène, et la longue discussion où prennent part, comme précédemment, les sophistes, Socrate et Ctésippe, est le cinquième et dernier épisode.

Bonitz remarque avec raison que l’œuvre de Platon n’offre pas de dialogue où la composition soit plus nettement marquée que dans l’Euthydème. On peut ajouter que cette composition témoigne d’un art supérieur. Comme dans une pièce de théâtre bien construite, les épisodes successifs s’y font valoir l’un l’autre, et la progression continue de l’intérêt y est frappante. Au premier entretien des sophistes avec Clinias s’oppose le premier entretien de Socrate avec son jeune ami ; avec la discussion qui forme le troisième épisode contraste le second dialogue de Socrate et de Clinias. Ainsi une alternance régulière est observée d’un bout à l’autre, soulignant

  1. H. Bonitz, o. l., p. 105.