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NOTICE

La figure d’Hippias, plusieurs fois esquissée en passant par Platon, se développe ici (plus encore que dans l’Hippias mineur) en pleine lumière, avec sa vanité foncière, sa belle assurance sophistique et ses façons particulières de s’exprimer. À plusieurs reprises, Platon s’est amusé à imiter le style d’Hippias, ses répétitions de mots, ses assonances, sa grandiloquence harmonieuse : traits certainement fort bien saisis (car Platon est en ce genre un parodiste de premier ordre), mais qu’il est difficile de rendre dans une traduction. Sur la vanité d’Hippias, sur sa présomption, il est probable que Platon n’a guère exagéré : ces défauts étaient impliqués en quelque sorte dans la sophistique et devaient être particulièrement sensibles chez ceux des sophistes qui étaient en somme, comme Hippias, des esprits médiocres. Cependant on est tenté de croire que, dans la discussion proprement dite, dans la recherche d’une définition, l’Hippias de Platon dépasse quelque peu la mesure de sottise qu’il est permis d’attribuer au véritable Hippias. Son incapacité de saisir ce qu’est une idée générale semble franchement caricaturale. La caricature est d’ailleurs amusante et fort habilement exécutée.

Socrate, d’autre part, n’est pas représenté avec moins d’art, à la fois dans son attitude ironique et aussi dans le sérieux de cette force intérieure qui le pousse invinciblement à chercher le vrai, quoi qu’il puisse lui en coûter. L’invention de ce personnage allégorique, intraitable et malappris, qui ne le quitte jamais et ne le laisse jamais en repos sur ses opinions mal démontrées, est saisissante.



III

SIGNIFICATION PHILOSOPHIQUE


La définition cherchée est celle du Beau en soi, ou, en d’autres termes, de l’idée générale de beauté. Cette idée générale est entendue à la façon purement socratique, comme une conception de l’esprit, non comme une entité supérieure selon la vraie doctrine platonicienne : la théorie des Idées n’a rien à voir ici. Cela ne veut pas dire que Platon, à l’époque