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le sérieux, et que de tels discours sont les enfants légitimes de leur auteur, d’abord ceux qu’il produit lui-même, puis ceux qui, enfants [278b] ou frères des premiers, naissent dans d’autres âmes sans démentir leur origine, suppose enfin qu’il ne reconnaît que ceux là et rejette avec mépris tous les autres, cet homme pourra bien être tel que Phèdre et moi nous souhaiterions de devenir.

PHÈDRE.

Oui, certes, je le désire, et je le demande aux dieux.

SOCRATE.

Laissons donc ce badinage sur l’art de parler ; et toi, va dire à Lysias qu’étant descendus dans le ruisseau des nymphes et l’asile des Muses, nous avons entendu des discours qui nous commandaient [278c] d’aller dire à Lysias et à tous les discoureurs, puis à Homère et à tous les poètes lyriques ou non, enfin à Solon et à tous ceux qui ont écrit des discours dans le genre politique sous le nom de lois, que si, en composant ces ouvrages, quelqu’un d’eux est sûr de posséder la vérité, s’il est capable de défendre ce qu’il aura dit quand on en viendra à un examen sérieux, et de surpasser encore, ses écrits par ses paroles, il ne faut pas lui donner les noms dont nous nous sommes servis ; qu’il faut au contraire tirer son