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[272d] PHÈDRE.

Obéis au proverbe.

SOCRATE.

Ils disent donc qu’il ne faut pas vanter si fort notre méthode, ni croire que nous puissions nous élever bien haut avec tout cet attirail de spéculation. Ils soutiennent, comme je le disais au commencement de ce discours, qu’il n’est pas besoin, pour devenir grand orateur, de connaître ce qui est vraiment juste et bon, choses ou hommes, par nature ou par éducation ; qu’au fait, dans les tribunaux, personne ne se mêle d’enseigner la vérité, mais de persuader ; [272e] que c’est au vraisemblable qu’il faut s’appliquer sans cesse pour parler avec art ; qu’en quelques occasions il faut même présenter les faits non comme ils se sont passés, mais comme ils ont dû se passer, soit dans l’accusation, soit dans la défense ; qu’enfin il faut rechercher en tout l’apparence aux dépens de la réalité ; [273a] que ce soin, en s’étendant à tout le discours, constitue à lui seul l’art oratoire.

PHÈDRE.

Voilà bien, mon cher Socrate, les opinions de ceux qui prétendent connaître l’art oratoire. Je me souviens que précédemment nous en avions déjà dit quelques mots. Les habiles re-