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Fort bien ; car il ne l’aurait pas craint deux fois.

En effet, s’il est pris dans sa fuite, il lui en coûte la vie.

Nécessairement.

En attendant, notre protecteur du peuple ne s’endort pas dans sa grandeur[1] ; il monte ouvertement sur le char de l’État, écrase une foule de victimes, et de protecteur du peuple devient un tyran.

Il faut s’y attendre.

A présent, considérons quelle est sa félicité propre, et celle de l’État où s’est rencontré un semblable mortel.

Je le veux bien.

D’abord dans les premiers jours de sa domination, n’accueille-t-il pas d’un sourire et d’un air gracieux tous ceux qu’il rencontre ? Il assure qu’il n’est pas un tyran, il est prodigue de grandes promesses en public et en particulier, il affranchit des débiteurs, partage des terres entre le peuple et ses favoris, et affecte envers tous la bienveillance et l’affabilité.

C’est probable.

  1. Allusion à une expression d’Homère, Iliade, XVI, 776 ; Odyssée, XXIV, 39.