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mollesse, l’oisiveté et le goût des nouveautés ; l’autre, avec ce même amour des nouveautés, produit la bassesse des sentimens et l’envie de mal faire.

J’en conviens ; mais, Socrate, considère comment notre État, qui ne possède point de trésor, pourra faire la guerre, surtout s’il est forcé de la soutenir contre un État riche et puissant.

Il est vrai qu’il la soutiendra avec plus de peine contre un seul, mais contre deux il sera bien plus à son aise.

Comment dis-tu ?

D’abord, s’il faut en venir aux mains, des hommes aguerris n’auront-ils pas à combattre des ennemis riches ?

Oui.

Mais, Adimante, un lutteur parfaitement exercé a-t-il de la peine à se battre contre deux adversaires riches et chargés d’embonpoint ?

Oui, du moins contre deux à la fois.

Quoi ! s’il pouvait fuir, revenir ensuite pour frapper toujours celui qui le suivrait de plus près, et employer souvent cette ruse au soleil et sous le poids de la chaleur, lui serait-il difficile de réduire même plus de deux adversaires ?

Vraiment, ce ne serait pas merveille.

Et crois-tu que les riches ne soient pas plus habiles et plus exercés à la lutte qu’à la guerre ?