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faite de ce qu’a voulu dire le poète, le rapsode devant être l’interprète de la pensée du poète auprès de ceux qui l’écoutent ; fonction qu’il lui est impossible de bien remplir, s’il ne sait pas ce que le poète a voulu dire. Tout cela est vraiment digne d’envie.

Ion.

Tu as raison, Socrate. Aussi est-ce la partie de mon art qui m’a coûté le plus de travail ; et je me flatte d’expliquer Homère mieux que personne ; et ni Métrodore [530d] de Lampsaque[1], ni Stésimbrote de Thase[2], ni Glaucon[3], ni aucun de ceux qui ont existé jusqu’à ce jour, n’est en état de dire autant et de si belles choses que moi sur Homère.

Socrate.

J’en suis charmé, Ion, car tu ne refuseras pas sans doute de me montrer ton savoir.

Ion.

Vraiment, Socrate, il fait beau entendre

  1. Élève d’Anaxagoras, en apprit l’art d’interpréter Homère, au rapport de Diogène de Laerte, II, 5, 24. — Tatien (contre les Grecs) cite un ouvrage de Métrodore sur Homère.
  2. Socrate, dans le Banquet de Xénophon, oppose cet interprète d’Homère aux rapsodes.
  3. Est-ce celui dont parle Aristote, Poétique, 25, 26.