Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, III et IV.djvu/59

Cette page n’a pas encore été corrigée

que tout le reste, n’aura sans doute nulle peine à éclaircir. Si l’on s’entretenait sur ces matières avec quelqu’un de nos [329a] orateurs, peut-être entendrait-on d’aussi beaux discours de la bouche d’un Périclès ou de quelque autre maître dans l’art de parler. Mais qu’on les tire du cercle de ce qui a été dit, et qu’on les interroge au-delà, aussi muets qu’un livre, ils n’ont rien à répondre ni à demander ; tandis que si l’on veut bien s’y renfermer avec eux, alors, comme l’airain que l’on frappe raisonne long-temps, jusqu’à ce qu’on arrête le son en y portant la main, ainsi nos orateurs, sur la plus petite [329b] question vous font un discours à perte de vue. Il n’en est pas ainsi de Protagoras : il est en état de faire de longs et de beaux discours, comme il vient de le prouver ; et il ne l’est pas moins de répondre brièvement, s’il est interrogé, ou, s’il interroge, d’attendre et de recevoir la réponse ; talent qui a été donné à bien peu. Maintenant donc, Protagoras, je n’ai plus besoin que d’un petit éclaircissement, pour être entièrement satisfait, et il ne s’agit que de répondre à ceci. Tu dis que la vertu peut s’enseigner, et s’il est quelqu’un au monde que je sois disposé à croire là-dessus, c’est bien toi. [329c] Mais, de grâce, satisfais mon esprit sur une chose qui m’a surpris quand je l’ai entendue de ta bouche. Tu as dit que Jupiter avait envoyé aux