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curés, car voilà ce qu’ils appellent des bienfaits et des services : et je ne porte envie ni à ceux qui les procurent, ni à ceux qui les reçoivent. Si on m’accuse, ou de corrompre la jeunesse, en lui apprenant à douter, ou de parler mal des citoyens d’un âge plus avancé, en tenant sur leur compte des discours sévères, soit en particulier, soit en public, je ne pourrai pas dire la vérité, savoir, que si je parle de la sorte c’est avec justice, ayant en vue votre avantage, ô juges, et rien autre chose. Ainsi, je dois m’attendre à tout ce qu’il plaira au sort d’ordonner.

CALLICLÈS.

Et penses-tu, Socrate, qu’il soit beau pour un citoyen d’être dans une semblable position, qui le met hors d’état de se secourir lui-même ?

SOCRATE.

Oui, Calliclès, pourvu qu’il ne lui manque pas une chose que tu lui as plus d’une fois accordée ; pourvu qu’il puisse se donner à lui-même ce secours, qu’il n’a aucun discours, aucune action injuste à se reprocher, ni envers les dieux, ni envers les hommes. Car nous sommes convenus souvent qu’il n’y a pas de secours meilleur. Si l’on me prouvait donc que je suis incapable de me donner ce secours à moi-même, ou à quelque autre, je rougirais d’être pris en défaut