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coup de haines et d'embûches. Pour moi, je soutiens que l'art des sophistes est très ancien ; mais ceux qui l'ont professé dans les premiers temps, pour cacher ce qu'il a de suspect, ont cherché à le couvrir, les uns du voile de la poésie, comme Homère, Hésiode et Sirnonide ; les autres de celui des purifications et des prophéties, comme Orphée et Musée ; ceux-là l'ont déguisé sous les apparences de la gymnastique, comme Iccos[1] de Tarente, et comme fait encore aujourd'hui un des plus grands sophistes qui aient jamais été, je veux dire Hérodicus de Sélybrie[2], et originaire de Mégare ; et ceux-ci l'ont caché sous le charme de la musique, comme votre Agathoclès[3] sophiste habile, et comme Pythoclidès[4] de Céos, et une infinité d'autres. Tous ces personnages, pour se mettre, comme je vous le disais, à couvert de l'envie, se sont enveloppés du manteau des arts que je viens de vous nommer ; et en cela je ne suis nullement de leur avis, persuadé qu'ils

  1. Voyez les Lois, liv. VIII — EUSTATH. in Dionys. Perieg., v. 376.
  2. Sur Hérodicus, voyez la République, liv. III, et le Scholiaste. — Sélybrie, ville de Thrace, sur la Propontide, entre Byzance et Périnthe. Voyez WESSEL. ad Diodor. XIII, 66 ; ad Herodot. VI, 33.
  3. Voyez le Lachés, où il est appelé le maître de Damon.
  4. Voyez le premier Alcbiade et le Scholiaste.