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corps. D’après nos aveux précédens, ceux qui fuient la punition ont bien l’air de se conduire de la même manière, mon cher Polus. Ils voient ce qu’elle a de douloureux ; mais ils sont aveugles sur son utilité ; ils ignorent combien on est plus à plaindre d’habiter avec une âme qui n’est pas saine, mais qui est corrompue, injuste et impie, qu’avec un corps malade. C’est pourquoi ils mettent tout en œuvre pour échapper à la punition, et n’être point délivrés du plus grand des maux, et ils ne songent qu’à amasser des richesses, à se faire des amis, et à acquérir le talent de la parole et de la persuasion. Mais si les choses dont nous sommes convenus sont vraies, Polus, vois-tu ce qui résulte de ce discours ? ou veux-tu que nous en tirions ensemble les conclusions ?

POLUS.

J’y consens, à moins que tu ne sois d’un autre avis.

SOCRATE.

Ne suit-il pas de là que l’injustice est le plus grand des maux ?

POLUS.

Il me le semble, du moins.

SOCRATE.

N’avons-nous pas vu que la punition procure la délivrance de ce mal ?