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les hommes, les uns vivent bien, et les autres mal ?

Il en est convenu.

Te semble-t-il qu’un homme vive bien, s’il vit dans la douleur et les tourmens ?

Il l’a nié.

Mais s’il mourait après avoir passé sa vie dans les plaisirs, ne jugerais-tu pas qu’il a bien vécu ?

Oui.

Vivre dans les plaisirs [351c] est donc un bien, et vivre dans la douleur un mal ?

Pourvu, répondit-il, qu’on ne goûte que des plaisirs honnêtes.

Mais quoi, Protagoras, ne reconnais-tu pas, avec la plu part des hommes, que certaines choses, quoique agréables, sont mauvaises, et que d’autres, quoique douloureuses, sont bonnes ?

Sans doute, je le pense.

Et en tant qu’elles sont agréables, à cause de cela ne sont-elles pas bonnes, à moins qu’il n’en résulte d’ailleurs quelque suite fâcheuse ? Et les choses douloureuses ne sont-elles pas, par la même raison, mauvaises en tant que douloureuses ?

Je ne sais, Socrate, me dit-il, si je dois répondre ainsi d’une manière absolue, [351d] que tout ce qui est agréable est bon, et tout ce qui est douloureux, mauvais. Mais il me paraît plus sûr, non