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sentent sous une forme rougeâtre et mousseuse : vingt-quatre heures après, le sang coagulé représente une auréole dans laquelle l’air est infiltré bulle à bulle et d’où il ne peut se dégager que difficilement. On trouve le sang dans cet état, principalement dans la veine ouverte, depuis la blessure jusqu’au cœur, dans les cavités droites de cet organe et dans l’artère pulmonaire. Le cœur volumineux remplit le péricarde et présente une résistance et une sonorité remarquables, dues à la distension des cavités droites par le gaz qu’elles renferment, les cavités gauches étant vides. Quand les animaux ont survécu quelques jours à l’expérience, l’air se trouve en égale quantité dans les artères et dans les veines ; il tend de plus en plus à s’isoler de son mélange avec le sang. On a trouvé aussi dans ce dernier cas, de l’emphysème dans les poumons, le médiastin, à la surface du cerveau et de la moelle épinière, etc.

Pour pouvoir prononcer avec quelque certitude que l’air vient réellement de pénétrer dans une veine ouverte pendant une opération, plusieurs signes doivent se trouver réunis : il faut d’abord que la veine blessée soit assez voisine du cœur et que son calibre soit rendu béant par quelques circonstances spéciales. Il faut ensuite qu’on ait entendu un véritable bruit de lappement ou de glouglou, et que l’auscultation fasse reconnaître dans la poitrine un gargouillement et un bruit de souffle particuliers. Enfin, lorsqu’à ces caractères vient se joindre la sortie du sang écumeux par la plaie de la veine, et à l’autopsie qu’on trouve la présence de la mousse sanguine dans le cœur, on est autorisé à affirmer que la mort a été précédée de l’entrée de l’air dans les veines. Ce dernier caractère s’est en effet présenté d’une manière constante chez les animaux qui ont été sacrifiés. Aussi, sommes-nous portés à regarder