troit pour l’auteur de cette pièce. Quoique ces raisons ne fussent que spécieuses, il fallut céder et me soumettre à tout. Les deux pièces furent jouées à quelques jours de distance. Celle de Dufresny fut applaudie, comme elle le méritoit ; elle est restée au théâtre et le public la revoit toujours avec plaisir ; et ma comédie, dont on ne connoissoit point l’auteur, fut trouvée fort ennuyeuse. Le parterre, désespéré de ne pouvoir ni s’intéresser, ni rire, ni même siffler, fut réduit à bailler. Le bon ton et l’esprit qu’on admiroit chez madame de Tonins, ne firent point d’effet au théâtre. Point d’action, peu de fond, quelques portraits de société qui ne pouvoient pas être entendus et qui ne valoient guère la peine de l’être, ne faisoient pas une pièce qu’on pût hasarder en public. Je vis clairement que les gens du monde, faute d’étude et de talent exercé, sont rarement capables de former un tout tel que le théâtre l’exige. Ils composent comme ils jouent, mal en général, et passablement dans quelques endroits. Ils ont quelques parties au-dessus des comédiens de profession ; mais le total du jeu et de la pièce est toujours mauvais : l’intelligence générale de toute l’action et le concert ne s’y trouvent jamais.
Le dépit de me voir auteur malgré moi, la nécessité d’admirer tout ce qui émanoit de notre