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de ceux à qui l’on donne, ou qui s’attribuent le titre de seigneur, on ne seroit pas embarrassé de savoir par qui la commencer ; mais il seroit impossible de marquer précisément où elle doit finir. On arriveroit jusqu’à la bourgeoisie, sans avoir distingué une nuance de séparation. Tout ce qui va à Versailles croit aller à la cour, et en être.

La plupart de ceux qui passent pour des seigneurs, ne le sont que dans l’opinion du peuple, qui les voit sans les approcher. Frappé de leur éclat extérieur, il les admire de loin, sans savoir qu’il n’a rien à en espérer, et qu’il n’en a guère plus à craindre. Le peuple ignore que, pour être ses maîtres par accident, ils sont obligés d’être ailleurs, comme il est lui-même à leur égard.

Plus élevés que puissans, un faste ruineux et presque nécessaire, les met continuellement dans le besoin des grâces, et hors d’état de soulager un honnête homme, quand ils en auroient la volonté. Il faudroit pour cela qu’ils donnassent des bornes au luxe, et le luxe n’en admet d’autres que l’impuissance de croître ; il n’y a que les besoins qui se restreignent, pour fournir au superflu.

À l’égard de la crainte qu’ils peuvent inspirer, je sais combien on peut m’opposer d’exem-