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Ô tristes poursuivants d’un but inaccessible,
Qui voudriez franchir les bornes du possible
Et mourir pour aimer ne fût-ce qu’une fois !

L’éphèbe contemplant son image fuyante
Pleurait, quand il glissa dans un baiser fatal,
Mais pour ce corps parfait l’incombustible amiante
N’était point assez pure, et la Mort, souriante,
Enveloppa l’enfant d’un linceul de cristal.

Puis, voilant Narcissos aux regards des impies,
Elle couvrit de fleurs le sein du bien-aimé.
Les filles de Cirrha, d’Aulis et de Thespies
Cherchèrent par les soirs aux brises assoupies,
D’où montait dans la plaine un souffle parfumé ?

On vit se balancer sur l’onde froide et claire
Des calices plus blancs qu’un vase de Paros.
Cybèle, la déesse auguste et tutélaire,
Toujours vivante, avait, éludant la colère
Du grand Zeus, recréé la victime d’Éros.

Cybèle l’arrachait à l’horreur des supplices,
Au désir affolé qui vous suit nuit et jour,