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Roidir ce col d’albâtre autrefois caressé,
Et s’étendre aussitôt insensible et glacé :
Aux fureurs de l’amant le repentir succède,
À son crime excusable il soupçonne un remède ;
Par un instinct subit il se sent inspiré,
Et du pigeon mourant ouvrant le bec serré,
Par le canal étroit d’une paille incertaine
Il lui souffle un vin chaud qu’a tiédi son haleine ;
Le beau pigeon d’Eustelle a paru respirer,
Eutrope, en le rendant, pourrait tout réparer ;
Il l’emporte en tremblant ; le chemin dans sa fuite
Disparait sous ses pas que l’espoir précipite,
Il revoit son Eustelle, il tombe à ses genoux ;
Il se soumet d’avance à son juste courroux,
Et lui conte en pleurant ce que l’on vient d’entendre.
Eustelle tour à tour est inflexible et tendre,
Sa bouche à haute voix lui commande de fuir,
Et son œil indulgent lui défend d’obéir ;
D’une main délicate, à qui l’on porte envie,
Elle enferme en son sein l’oiseau presque sans vie,
Qui de ces doux climats aspirant la chaleur,
Recouvre par degrès sa première vigueur.