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À de si doux accens le pigeon familier
Sur la main du lecteur vient se réfugier
Et tressaille de joie, en voyant dans l’ouvrage,
Grace au pinceau d’Houdry, passer sa propre image.
Ô des hameaux voisins confiantes beautés !
Il se peut qu’au détour de ces bois écartés,
Vous veniez pour cueillir de pâles violettes,
Retournez promptement vers vos humbles retraites,
Et redoutez Eutrope, un pigeon sur le poing ;
C’est l’oiseau de l’amour, le dieu n’est pas bien loin.
Sans rencontrer pourtant une seule bergère
Le comte a pénétré dans ce bois solitaire,
Et par un grand châtel de toute antiquité,
Au quart de sa lecture il se trouve arrêté,
S’en étonnerait-il ? Il oublierait sans doute
Qu’avec lui tout le jour La Fontaine a fait route,
Et que le tems jaloux dévore le chemin
Où nous nous promenons un bon livre à la main :
« Beau pigeon, reprit-il, j’aime votre constance,
Mais là dedans sans doute on pleure votre absence. »
Il dit : et sur l’airain des portes du château,
Son bras fait retentir l’impatient marteau ;