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Si l’insecte et l’oiseau sont imités par toi,
Tu ne me verras plus t’imposer d’autre loi.

Je laisse au gré du vent l’abeille vagabonde,
Varier le matin son murmure et sa ronde ;
Mais lorsque sur le soir un sonore bassin
Aura sous chaque abri réuni chaque essain,
Pour entendre frémir ces graves républiques
J’oserai m’approcher des ruches politiques,
Et je pourrai peut-être, espion indiscret,
Sans troubler leur travail, surprendre leur secret ;
Il bourdonne à propos ce frélon parasite,
Pirate obscur des fleurs qu’à respirer j’hésite ;
Mais cette guêpe avide, au banquet de Comus,
De Pomone, en cachette, outrage les tributs ;
Sans quartier, dans la chambre, il faut qu’on l’emprisonne ;
Qu’elle meure en rasant la vitre qui résonne !
Dans un blé vaste, aux yeux du meunier qui la suit,
La sauterelle agile, en criant, se trahit,
Et le grillon frileux par sa plainte assassine,
Enjoint au boulanger de couvrir sa farine.
Mais déjà les oiseaux m’appellent tour à tour,
Confondons la volière avec la basse-cour ;