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CHANT QUATRIÈME


 
C’est peu d’avoir rendu la voix du quadrupède,
À ce nouveau travail un plus vaste succède,
Car tous les animaux articulent des sons ;
Alors que je dis tous, j’excepte les poissons,
Et sans doute, jadis ils ont eu leur langage.
Si j’en crois ma chronique, au temps du premier âge,
La pesante baleine et le dauphin léger
Dialoguaient ensemble au lieu de se manger ;
Mais lorsque Jupiter, moins en pere qu’en juge,
Versa sur l’univers les torrens du déluge,
Les poissons rélégués dans leur propre élément
Se vantaient d’échaper au commun châtiment ;
Et ce dieu tout-à-coup leur imposant silence,
Leur ravit pour toujours, dans sa juste vengeance,
Le signe de l’effroi, le signe du desir,
Le cri de la douleur, et l’accent du plaisir.
Prends courage, ô ma langue, ô langue imitative !
Deviens plus que jamais, simple, douce et naïve,