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Ouvre une large bouche et s’évertue à braire,
(Le bon Jean l’admettait dans la fable légère)
Mais quel vil animal allonge son grouin ?
Ah ! C’en est trop, recule, et vas grogner plus loin,
Toi que doivent chasser, par un dégoût semblable,
Les Français de leurs vers, et les Juifs de leur table.

Chez l’avare Crésus, au combat du taureau,
Et sur les boulevards qui bordent Saint-Malo,
J’entends, comme Cerbère, aboyer le boul-dogue,
Mais du petit barbet la voix est bien moins rogue ;
Et quand chez Pénélope Ulysse de retour,
Sourit au vieux témoin de son fidèle amour,
Au devant du guerrier le chien s’élance, il jappe
Et léche, avec transport, son manteau qu’il attrape.

Le chat près du barbet vient de se mettre à point,
Et de les séparer je n’entreprendrai point ;
De Rominagrobis qui grommèle et qui jure,
Caressez prudemment l’ondoyante fourure,
Le fourbe étend sa griffe et roule de gros yeux ;
Chassez sur le pallier cet amant furieux,
De degrés en degrés qu’il poursuive sa belle,
Et la nuit, s’il le veut, qu’il s’en aille avec elle,