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Envain dans sa tanière a-t-on muselé l’ours ?
Soyez sûr que l’ingrat qui s’en souvient toujours,
Même quand sur deux pieds il trépigne en cadence,
Gronde et garde une dent à son maître de danse.

Mais d’un crayon rapide esquissons le cheval,
Ah ! Virgile ! Pardonne à ton jeune rival !
Je voudrais t’égaler quand ton pégase agile,
Traversant l’hexamètre au galop du dactyle,
Dans un vaste circuit de terreins labourés,
Quatre à quatre en courant marquait ses pas ferrés.

Sur les gazons fleuris que le taureau bondisse !
Auprès de sa génisse, amoureux, qu’il mugisse !
Je vais encor ici mettant Virgile à neuf,
Faire au bout d’un vers lourd tomber le pesant bœuf,
Et forcer l’agnelet d’essayer sa voix grèle
Au milieu des moutons qui bèlent pêle-mêle.

Entendez-vous plus loin le timide chevreau
Murmurer quand il broute et ronger l’arbrisseau ?
Ravi par un barbare à sa mère qui meugle,
Le veau prêt à mourir verse des pleurs et beugle.

Soufrez qu’Aliboron clopinant, ricanant,
Et bravant le bâton d’un maître chagrinant,