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Invisible habitant ou d’un mur ou d’un bois,
Il décroît tour à tour, jusqu’à cinq à six fois,
Il retrace à l’oreille une imparfaite image
Des bruits de la nature ou des sons du langage,
Et pour les répéter, il perd si peu d’instans,
Qu’on croit, quand il répond, parler en même temps.
Lecteur, laisse en beaux vers l’ingénieux Ovide
Prodiguer le mensonge à ton esprit avide,
Je prétends sur l’écho te révéler sans fard
Des secrets qu’à coup sûr tu n’as lus nulle part ;
Peins toi le premier soir du premier jour du monde,
Où le globe, plongé dans une paix profonde,
Sous les rayons de l’astre, émule du soleil,
S’argente aux yeux d’Adam qui résiste au sommeil ;
Il veut fuir, mais en vain ; quelque part qu’il s’arrête,
À la faible clarté que la lune lui prête,
Sur la terre et dans l’air il voit les animaux
Chancelans tour-à-tour céder tous au repos,
Et lui-même, au milieu d’une forêt discrète
Il écoute, étonné, la nature muette.
Tourmenté malgré lui d’un souci curieux,
Il lève en soupirant ses deux mains vers les cieux ;