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Mais quels savans accords et quelle mélodie
Réveillent tout-à-coup mon oreille engourdie !
Balbâtre ou charpentier, d’un geste impérieux
Maîtrisent le clavier d’un orgue harmonieux ;
Du temple qui résonne ils ébranlent la voûte,
On croirait que du ciel ils ont trouvé la route,
Et que les airs sacrés, échappés de leurs mains,
Montent, comme un parfum, jusqu’au trône des saints.

Ainsi des instrumens ou bénis ou profanes
J’ai tâché d’imiter les différens organes,
J’oubliais le sifflet qui n’a point oublié
De heurter par son vent mon front humilié,
Exécrable instrument, qui te donna la vie ?
On ne le sait que trop : sans doute que l’envie
Pressant un jour le col de ses nombreux serpens,
Concentra dans ton sein leurs sombres siflemens,
Depuis, tout fut en proie à ta rage insensée ;
Et l’on t’a vu, sans cesse, au théâtre, au lycée,
Non content d’être encor le signal des filoux,
Rallier contre un seul, mille écrivains jaloux.

J’entends derrière moi l’écho qui se désole,
Ce que l’ombre est au corps, il l’est à la parole,