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Nos modernes sylvains la fêtent dans les bois,
Mais le seul Pourceaugnac peut sauter à sa voix.
Substitut portatif de la cloche en retraite,
À force de ressorts, la cresselle aigrelette
Court le mercredi-saint relancer dans ses draps
Le gros chanoine Evrard ivre du lundi-gras.
Dieux ! Quel charivari ! Les castagnettes claquent,
La guimbarde frémit entre les dents qui craquent,
Et tout près du triangle à contre-temps frappé,
La vielle en grinçant flatte un peuple dupé.

Mais je n’ai vu passer ni les cloches, ni l’orgue,
Il faut céder sans doute à leur pieuse morgue,
Pour les chercher moi-même à l’église je cours,
Provoquons ces bourdons qui dorment dans les tours,
À leurs cables grossiers je saurai me suspendre,
Et puis regagner terre, et puis vous faire entendre
Sur les bords du métal prompt à vous étourdir ;
Les battants balancés tomber et rebondir,
Si la tâche est trop forte et que mes bras débiles
Abandonnent en l’air les cloches immobiles ;
Sous leurs voûtes d’airain, le vent doit, engouffré,
Même après leur repos, murmurer concentré.