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Aux bonds de la baguette, ont produit des tons sourds.
L’airain qui les entoure en murmure toujours,
Fier des sons moëlleux qu’il enfante sans peine
Avec un flegme anglais, le piano se traîne,
Et nargue, fils ingrat, le rude clavecin.
La cymbale après lui froisse un double bassin,
Et, roi des instrumens, le violon sonore,
Vaincu par Viotti, devient plus fier encore.
Le champêtre hautbois et l’éclatant clairon
Auprès du cor ronflant marchent en escadron.
Ou je me trompe fort, ou la longue trompette
Précéde, avec orgueil, l’allégre clarinette ;
Et le fifre fidèle à prendre le dessus,
Par force, de ses flancs, fait fuir des sons aigus.
Je vois enfin, je vois la flûte veloutée
Par les lévres de Rau, souvent sollicitée,
De sa langue, accueillir le prompt martelement,
Et l’exhaler soudain comme un roucoulement ;
Raclée à tour de bras, la grosse contrebasse
M’électrise à l’envi du serpent que je chasse ;
Mais le violoncelle adouci par Duport
À mes nerfs irrités rend leur premier accord.