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Attaquons dans les bois la dryade indignée,
Elle repousse envain ma cruelle coignée ;
L’espoir d’un gain honteux m’a bientôt étourdi ;
En bucheron hâlé je frappe un coup hardi,
Et par l’explosion de ma bruyante haleine,
Je crois hâter le fer de ma hache inhumaine.

Me préserve le ciel d’entendre nuitamment
Autour de ma maison construire un bâtiment,
C’est, il faut l’avouer, une cacophonie,
Que de peindre, en tout temps dédaigna le génie ;
Mais si le dieu des vers jadis se fit maçon,
Je puis à ces détails descendre sans façon.
Voyez ce malheureux suant & presqu’étique
Courbé sur les moilons qu’il pique & qu’il repique,
Cet autre du soleil essuyant le courroux,
De son marteau tenace attaque à petits coups,
D’une pierre en repos l’inébranlable masse ;
Sur un tertre de paille, assis, comme par grace,
Cet autre à tour de bras, dès que Phébus a lui,
Au travers d’un gros roc étendu devant lui,
Traîne une longue scie auparavant graissée,
Qui s’avance docile et rebrousse ébréchée,