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Traîne un sillon dans l’ombre et baissant tôt ou tard,
S’arrête, éclate et meurt dès que son pétard part.

Ici du forgeron fomentant la fournaise,
J’allume avec effort la pétillante braise,
Et mes flasques soufflets péniblement enflés,
Ronflent en chassant l’air dont leurs flancs sont gonflés,
De la terre à mon gré façonnant les entrailles,
Je les confie ensuite à la dent des ténailles,
Et dans le lac dormant dont l’eau fume et frémit
Plongé jusques au bout mon fer rouge gémit.
Là, je suis serrurier ; ma rigoureuse lime,
D’un clou d’abord meurtri rive en criant la cime,
Un amas de ressorts et de vis et d’écrous,
Prépare entre mes mains le repos des jaloux ;
Je traîne sur ses gonds une grille indolente ;
Je range, en longs barreaux, la rampe qui serpente ;
Tantôt du taillandier, tantôt du maréchal,
Imitant par des T le travail matinal,
Je soulève un marteau que l’élégant Delille
Précipite en cadence aussi-bien que Virgile ;
Et qui tombe, en trois tems, pour dompter le métal,
En frappant mon timpan d’un tintamarre égal.