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Et le hennissement des chevaux haletans,
Et l’écroulement sourd des crénaux chancelans ;
Des femmes, des enfans, les clameurs inutiles,
Et des vieillards cachés les prières stériles,
Et des glaives croisés le fréquent cliquetis,
Et des soldats meurtris les lamentables cris,
Et le fatal clairon de l’altière Bellone,
Et dans la ville en feu, la cloche monotone,
Dont le funèbre airain, par son timbre argentin,
Teinte des assiégés, le trépas trop certain !

Voulez-vous que la langue avec pompe énergique
Se monte par degrés au ton mélancolique ?
Rival du sombre Young, je vous raconterai
Ce que j’ai vu jadis dans un temple sacré.
Minuit sonnait encore, la rue était déserte ;
Et la porte d’airain gémissait entr’ouverte ;
Je la pousse en tremblant, j’avance à pas égaux,
Et la lune, au travers des rougeâtres vitraux,
Sur le bronze poli des sépulcrales urnes,
Réfléchissait en paix ses rayons taciturnes ;
Tout rongé par des vers qu’a prévenus l’orgueil
Le squelette d’un riche au bord de son cercueil,