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A quelques pas de toi, vers le bois solitaire,
Piés nuds, cheveux épars, accourt ton jeune frère,
Qui de ses vieux parens, précoce et tendre appui,
Guide un autre bétail, pétulant comme lui ;
Le chef et les soldats pénétrant les broussailles
A l’humble noisetier vont livrer cent batailles.

Plus loin, triste, couché, d’un air encore actif
Ton père, de ses bœufs, presse le pas tardif,
Et de ses cheveux blancs ombrageant sa charrue,
Détrempe ses sillons avec le sang qu’il sue,
Pour un Seigneur plus dur que ses terreins ingrats,
A vaincre la nature il a contraint ses bras.
Ah ! retournons vers toi pour chasser ces images.
Eh ! quoi ? tu n’es plus seule, on te rend des hommages,
Palémon et Lubin, couronnés de lilas,
A l’envi l’un de l’autre, encensent tes appas ;
Que l’amour modulé découle de leurs flutes,
Et tu seras sensible à leurs galantes luttes ;
Moins pour les émouvoir que pour les appaiser,
Donne-leur à tous deux un innocent baiser ;
Ah ! c’est ici qu’il faut que mon style en impose.
Peignons si bien le choc de tes lèvres de rose,