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La tempête a cessé ; le calme sur les flots
Renaîtra lentement par le calme des mots ;
Alors il faudra voir les voyelles paisibles
Succéder au concours des consonnes terribles,
Et le style adouci devenir aussi pur
Que l’horizon changé dont il peindra l’azur.
La nuit emporte au loin l’orage qui s’achève ;
Eole a pris la fuite, et le matin se lève.
Le genre tempéré m’a conduit dans les champs,
Goudouli ! prête-moi tes pipeaux innocens,
Des fins diminutifs de ton patois facile,
Que ne puis-je, en français, entremêler l’idylle !
Laissons dans les taillis, auprès des ruisselets,
Gazouiller pour prélude un millier d’oiselets ;
Et qu’en se colorant des rayons de l’aurore,
Au chant du rossignol l’univers semble éclorre ;
Que le lièvre inquiet, avant l’homme éveillé,
Broute un frais serpolet par la brume émaillé,
Jusqu’à ce que Phébus, pour qu’il batte en retraite,
Fasse, à son œil craintif, reluire une houlette ;
Ce sera ta houlette, aimable et jeune Eglé,
Ton troupeau vient, par Mouflard essouflé ;