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On ne respire plus que salpêtre & bitume,
Le nuage au nuage en se frottant s’allume ;
L’atmosphère est changée en une mer de feux,
Que le souffle sillonne en longs javelots bleux ;
Jupiter veut-il donc que l’univers succombe ?
Sa foudre vengeresse éblouit, tonne, tombe,
Et d’éclats en éclats prolongeant son fracas,
D’un trépas imprévu frappe tout sur ses pas.
Pressez, pâles éclairs, ses flèches incertaines,
Je vois Pan tressaillir au travers des Ardennes ;
Dans les bras de Neptune ils se sont élancés
Ces vieux rocs qu’en passant la foudre a renversé ;
Monts-Jura vous planiez jadis sur les tempêtes,
Votre neige éternelle a fondu sur vos têtes,
Il ne vous reste plus en cet affreux moment
Qu’à vous écrouler tous dans le Rhône écumant,
Du tonnere expirant tous les carreaux renaissent,
Le globe est embrasé, les villes disparaissent ;
Les mortels que par-tout ce spectacle confond,
Gardent d’un pôle à l’autre un silence profond ;
Et sur ses fondemens la nature tremblante,
Dans la peur du cahos jette un cri d’épouvante.