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Ils concentrent leur rage, et quand leurs sifflemens
Sont un signal de guerre entre les élémens,
De leurs complots affreux craignant la triste issue,
Pour soutenir le globe, Atlas essouflé sue.

Derrière le rideau du noirâtre horizon,
J’entends déjà frémir le tonnerre en prison,
Déjà la pluie en l’air diversement chassée,
Sur les toits, dans les champs s’élargit dispersée ;
Les nuages rompus répandant des torrens
Ont étouffé la voix des fougueux ouragans ;
Et malheur à Cérès si le ciel pêle-mêle
Prodigue en grains glacés l’impitoyable grêle !
Flétris du même coup par ses nombreux fléaux,
Les fruits avec les fleurs s’affaissent par monceaux ;
Quelle sublime horreur ! La foudre vagabonde
Ebranlant les échos de la voûte du monde,
Du midi jusqu’au nord, du levant au couchant,
Roule de monts en monts, et bondit en grondant ;
Elle approche, & tandis que les agneaux débiles
En grouppes dans les prés s’étendent immobiles,
Prés du taureau qui fronce un sourcil menaçant,
Le boeuf presque debout rumine en mugissant ;