Page:Piis - L’Harmonie imitative de la langue française, 1785.djvu/29

Cette page n’a pas encore été corrigée

Ceux-ci, de l’Océan desséchant les rivages,
Vous soulevant ses flots jusqu’au flanc des nuages ;
Ceux-là, poussant le sable en épais tourbillons,
Semblent presser Cybèle entre leurs bataillons :
Eurus échevelé sifflant de plaine en plains,
Renverse les moissons que brûle son haleine ;
Et le terrible Auster, en épuisant ses flancs,
Des superbes cités sape les fondemens ;
Il n’est pas même alors jusqu’au léger Zéphire
Qui le long des bosquets se plaisait à sourire,
Qu’on entende, cédant à ses voeux indiscrets,
Faire au loin frissonner le faîte des forêts.
Mais l’Aquilon sur-tout, luttant contre les voiles,
Quand on veut les hisser, se glisse entre leurs toiles,
Les déchire aux regards du pilote irrité,
Insulte avec constance à sa dextérité,
Rompt la rame rebelle et le cable qui crie ;
Et sur les mâts tremblans redoublant sa furie,
Au fond d’un vaste gouffre entr’ouvert sous les eaux ;
Au regret de Plates enfonce les vaisseaux.
Telle est des vents épars et la force et l’audace ;
Leur souffle meurtrier brûle, gèle et fracasse.