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Que je puisse, à mon gré, planant sur l’univers,
En imprimer l’accord au cahos de mes vers,
Et de tous les accents imitateur fidèle
Ecouter la nature et m’exprimer comme elle.

Et toi, sèxe divin, dont l’organe flatteur
Ajoute à notre langue un charme séducteur ;
Toi qui dans le discours, à l’oreille enchaînée,
Prodigue les trésors d’un harmonie innée ;
Toi qui, si l’amour dicte, écrit bien mieux que nous,
Pour capter ton souris j’embrasse tes genoux.
Je sais que d’ordinaire un sujet didactique
Lié dans tous ses points par un fil méthodique,
Ne présente au beau sèxe, à le lire empressé,
Qu’un vaste et froid tissu dont son œil est blessé :
Mais j’abandonne enfin l’aride théorie,
Et Phébus à l’instant m’ouvre une galerie,
Ou ma muse à grands traits exerçant ses pinceaux,
Saura pour tes plaisirs varier ses tableaux.

Eole a dit aux vents : tourmentez la nature,
Et, des flancs caverneux de sa retraite obscure,
Sorties tous à la fois comme des conjurés,
De la terre et des mers ils se sont emparés :