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D’abord avec fureur précipitant leurs îlots
S’endormir sur les prés qu’ont ravagés leurs eaux ?
L’R, a su par degrés vous décrire leur rage...
Elle a de tous les chars, la conduite en partage ;
Partout, vous l’entendez sur le pavé brûlant
Presser du fier Mondor le carrosse brillant,
Diriger de Phryné la berline criarde,
Et le cabriolet du fat qui se hasarde ;
La brouette en bronchant lui doit son soubresaut,
Et le rustre lui fait traîner son chariot ;
Le barbet irrité contre un pauvre en désordre,
L’avertit par une R avant que de le mordre ;
L’R a cent fois rongé, rouillé, rompu, raclé,
Et le bruit du tambour par elle est rappelé.

Mais c’est ici que l’S en serpentant s’avance,
A la place du C sans cesse elle se lance ;
Elle souffle, elle sonne, et chasse à tout moment
Un son qui s’assimile au simple sifflement.

Le T tient au toucher, tape, terrasse et tue ;
On le trouve à la tête, aux talons, en statue :
C’est lui qui fait au loin retentir le tocsin ;
Peut-on le méconnaître au tic-tac du moulin ?