Page:Piis - L’Harmonie imitative de la langue française, 1785.djvu/18

Cette page n’a pas encore été corrigée

Et quelquefois à l’I dérobant sa figure,
En joutant à sa place, il jase, il joue, il jure ;
Mais son ton général qui gouverne partout,
Paraît bien moins gêné pour désigner le goût.
L’H, au fond du palais hasardant sa naissance
Halète au haut des mots qui sont en sa puissance ;
Elle heurte, elle happe, elle hume, elle hait,
Quelquefois par honneur, timide, elle se tait.

L’I droit comme un piquet établit son empire ;
Il s’initie à l’N afin de s’introduire ;
Par 1’I précipité le rire se trahit,
Et par l’I prolongé l’infortune gémit.

Le K partant jadis pour les Kalendes grecques,
Laissa le Q, le C, pour servir d’hypothèques ;
Et revenant chez nous, de vieillesse cassé,
Seulement à Kimper il se vit caressé.

Mais combien la seule L embellit la parole !
Lente elle coule ici, là légère elle vole ;
Le liquide des flots par elle est exprimé,
Elle polit le style après qu’on l’a limé ;
La voyelle se teint de sa couleur liante,
Se mêle-t-elle aux mots ? c’est une huile luisante