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Balbutié bientôt par le Bambin débile,
Le B semble bondir sur sa bouche inhabile ;
D’abord il l’habitue au bonsoir, au bonjour ;
Les baisers, les bonbons sont brigués tour à tour ;
Il demande sa balle, il appelle sa bonne ;
S’il a besoin de boire, aussitot il ordonne ;
Son babil par le B ne peut etre contraint,
Et d’un bobo, s’il boude, on est sur qu’il se plaint.
Mais du bègue irrité la langue embarrassée,
Par le B qui la brave, à chaque instant blessée,
Sur ses bords, malgré lui, semble le retenir,
Et tout en balançant, brûle de la bannir.

Le C rival de l’S, avec une cédille,
Sans elle, au lieu du Q, dans tous nos mots fourmille,
De tous les objets creux il commence le nom ;
Une cave, une cuve, une chambre, un canon,
Une corbeille, un cœur, un coffre, une carrière,
Une caverne enfin le trouvent nécessaire ;
Partout, en demi-cercle, il court demi-courbé,
Et le K, dans l’oubli, par son choc est tombé.

A décider son ton pour peu que le D tarde,
Il faut, contre les dents, que la langue le darde ;