Page:Piis - L’Harmonie imitative de la langue française, 1785.djvu/13

Cette page n’a pas encore été corrigée

Ma langue, que les sots taxent de pauvreté,
Vous doit et sa finesse, et sa naïveté ;
Aidez son défenseur de ses conseils propices ;
Sur ses antiques luttes guidez ses doigts novices ;
De grace, enseignez-moi vos chants mélodieux,
Sans vous j’épélerais le langage des dieux :

De celui des Français, j’ai montré l’énergie,
Mais, de son laconisme admirons la magie.
Dieu, tient dans un seul mot, et l’homme à son côté,
Dans un seul mot aussi nous est représenté.
La mémoire, et l’esprit, le jugement, et l’ame,
Viennent, dans un seul mot, se peindre en traits de flammes ;
Et les quatre éléments dont le monde fut fait,
N’ont pas pour se ranger besoin d’un vers complet.
Le jour luit, d’un seul mot ; la nuit, règne de même ;
Par un seul mot on hait ; par un seul mot on aime ;
La vie à prononcer ne dure qu’un seul mot ;
Par un seul mot, la mort nous frappe tous trop tôt.
Souvent l’idée a l’air de devancer les signes ;
Tant on peut énoncer de choses dans deux lignes !
On s’éveille, on se lève, on s’habille et l’on sort ;
On rentre, on dîne, on soupe, on se couche, et l’on dort.