Page:Piis - L’Harmonie imitative de la langue française, 1785.djvu/10

Cette page n’a pas encore été corrigée

Il est, dans tous ses points, fait pour la mélodie,
Et l’ordre, à pas comptés, méne la prosodie.

A sa langue, en naissant, tout Français attaché
Suspendra, comme moi, son mérite caché.
Eh ! quelle autre sur elle aurait donc l’avantage ?
Elle céde à propos, ou résiste à l’usage ;
Ses principes sont clairs, ses modes sont constans,
Ses accens limités, ses tropes élégans.
Chaque chose se peint dans ses termes lucides,
Comme elle a des sons lents, elle a des sons rapides ;
Ses tours pleins de mollesse, ou pleins de fermeté,
Exhalent la douceur, ou marquent l’âpreté ;
Ses pompeux substantifs s’accompagnent de rimes,
Ses adjectifs féconds, ont tous des synonymes ;
Et dans la période où les mots quadrent tous,
Ses articles fréquens répandent un jour doux.
Tantôt elle a du grec les formes arrondies,
Et tantôt du latin les tournures hardies,
Au style figuré des peuples d’Orient
Son style quelquefois se colore en riant ;
Là, de l’Italien elle a les mignardises,
Où de l’âpre Allemand les gothiques franchises ;